mercredi 18 février 2015

LA LOI MACRON ET LE 49.3

La Constitution Française dans l'alinéa 3 de son 49ème article (d'où l'appellation 49.3) a permis au Premier Ministre, après délibération du Conseil des ministres, d'engager la responsabilité du Gouvernement devant l’Assemblée Nationale sur le vote d’un projet de loi de finances ou de financement de la Sécurité Sociale. Dans ce cas, ce projet est considéré comme adopté, sauf si une motion de censure, déposée dans les 24 heures qui suivent, est votée dans les conditions prévues à l’alinéa précédent (49.2).
Ce qui revient à dire qu'en engageant cette procédure sur la loi Macron, il n’y aura pas de vote sur ce texte. Les débats à l’Assemblée sont gelés et l’opposition dispose de 24 heures pour déposer une "motion de censure," qui sera votée après un délai de 48 heures. Si la motion est adoptée, le gouvernement démissionne. Si la motion est rejetée, la loi est considérée comme adoptée. Pas besoin d'être devin ou extra-lucide pour affirmer qu'aucun député de gauche frondeur ne votera un renversement du gouvernement. De ce fait le 49.3 permet à un Premier Ministre de retrouver, de facto, sa majorité : on ne demande plus aux députés de voter sur une loi, mais de soutenir, ou non, le gouvernement. On les met devant "un choix cornélien". Les frondeurs se trouvent contraints à rentrer dans les rangs, ne serait-ce que le temps de "sauver" le gouvernement.
Néanmoins, depuis la réforme de 2008, cet article 49.3, hors-textes budgétaires, ne peut plus être utilisé par un même gouvernement que pour un seul texte par session (et pourra, ainsi, être réutilisé dans une éventuelle nouvelle lecture, une fois le projet Macron étudié par le Sénat, car le 49.3 n’arrête pas la navette entre les deux chambres).
Recourir à un tel acte d’autorité ne peut que tendre les rapports entre le gouvernement et ses députés. Passer en force, laisse toujours des traces et étaler, de la sorte, "sa force" revient plutôt à donner des preuves tangibles de sa/ses faiblesse(s).
Nous sommes devant une situation qui illustre parfaitement, et une fois encore, comment certains élus sont prêts à tirer dans le tas, rien que pour pourrir la vie aux autres élus ; même quand l'intérêt général préconise qu'ils s'alignent pour l'intérêt du pays.
Aussi, si l'UMP pense gagner en combattant contre des mesures qui, même si elles ne sont pas parfaites, vont dans le bon sens, il fait preuve d'une grande naïveté.

L'UMP n'a pas l'air d'avoir compris qu'avec ce comportement, il offre un boulevard au FN. Et l'aile gauche du PS y contribue, on ne peut mieux. Toute relance de l'emploi freinerait la montée du FN. Faut-il faire Polytechnique ou l'E.N.A. pour parvenir à une conclusion aussi évidente ???!!!
Voter contre ce projet, pouvant apporter certains résultats, est du pain béni pour le FN.
Et encore une fois, le pragmatisme allemand est à saluer bas. Les élus d'outre-Rhin arrivent plus aisément, que les nôtres, à trouver des compromis et à voter les projets qui sans être parfaits se trouvent être les meilleurs pour l'intérêt général. Les élus français devraient s'en inspirer, dans l'intérêt des générations futures et celui suprême de la Nation.

Lotfi AGOUN

samedi 7 février 2015

LES PROMESSES ÉLECTORALES N'ENGAGENT QUE CEUX ET CELLES QUI Y CROIENT

"LES PROMESSES ÉLECTORALES N'ENGAGENT QUE CEUX ET CELLES QUI Y CROIENT."
Ce vieil adage trouve toute sa signification aujourd'hui en Tunisie.
Que de promesses de la part de BCE et de Nidaa Tounes. Vite oubliées. Reniées.
Aujourd'hui, les deux font miroiter que si elles sont reniées c'est tout simplement dans l'intérêt de la Tunisie.
Un élu (personne physique ou Parti) a-t-il le droit de se moquer de la sorte de ses électeurs ?
À voir le résultat en Tunisie, la réponse s'impose d'elle-même : "Bien sûr".
Ceux et celles qui pensaient que la politique du fait accompli était révolue en Tunisie en sont pour leurs frais.
Certains argueront d'une réconciliation historique entre islamistes et laïcs. D'autres diront : "Nous n'avons pas voté pour obtenir cela". Ces derniers n'auront plus confiance en BCE ni en Nidaa Tounès.
La présence de Ennahdha dans ce gouvernement (quel que soit le poste) est une véritable épée de Damoclès. Ce parti, a pu obtenir l'éviction de Khedija CHERIF et se permettra d'imposer ses conditions à chaque fois qu'il sentira ses intérêts (et non ceux du peuple tunisien) menacés.
Et si tout a été décidé le jour où les deux vieux briscards (BCE et Ghannouchi) s'étaient rencontrés et entendus à Paris ?
Celui qui tire son épingle du jeu est le Front Populaire(FP). Il a bien compris que le Tunisien vote par dépit. Et du coup, il se positionne pour être l'alternative. Voire l'unique alternative.
Alternative réelle ou manipulation et stratégie politiques ? Seul l'avenir nous fixera là-dessus. Mais le doute est fort. Car, le FP donne l'impression (avec d'autres certes) d'avoir poussé Nidaa Tounes dans les bras de Ennahdha.
Pauvre Tunisie, avec à sa tête un président fort âgé et pour la gestion de son quotidien un gouvernement en pâte à papier.
Pourront-ils aller au bout de leur mandature ?
Le doute est fort. Pour plus d'une raison.
Alors, ne faisons pas la politique de l'autruche. Mobilisons-nous pour que les prochaines élections, qui de par la logique des faits devraient avoir lieu dans un avenir plus ou moins proche soient vraiment dans l'intérêt du Peuple Tunisien et non de nouvelles ententes à son détriment.
Lotfi AGOUN