dimanche 20 mars 2011

Libye : l'opération "Aube de l'Odyssée" a commencé

La résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies est une résolution adoptée le 17 mars 2011. Elle concerne la Libye et la révolte libyenne en cours, et permet aux pays qui le souhaitent de participer à une zone d'exclusion aérienne au dessus de la Libye pour protéger la population civile.
Cette résolution est présentée par la France, le Liban, et le Royaume-Uni. Les négociations préalables ont suscité d'abord l'opposition de la Russie et de la Chine qui s'abstiennent finalement lors du vote et ne recourent pas au véto pour la bloquer. Elle est votée par l'Afrique du Sud, la Bosnie-Herzégovine, la Colombie, les États-Unis, la France, le Gabon, le Liban, le Nigeria, le Portugal, et le Royaume-Uni ; cinq membres s'abstiennent : l'Allemagne, le Brésil, la Chine, l'Inde, et la Russie ; aucun ne s'y oppose.

Dans cet article, je commenterai certains passages de la déclaration faite par Nicolas SARKOZY (19/03/2011 : 15h50 à Paris) à la suite de "Son Sommet International" sur la Libye.
Il voulait faire mieux que son idole (G.W. BUSH), avoir son Irak à lui (la Libye) et son Saddam HUSSEIN à lui (Mouammar KADHAFI).
Il omet tout juste de mentionner qu'il ne veut se frotter qu'à plus faible que lui et n'intervenir que là où il est certain de ne pas laisser de plumes.

Nicolas SARKOZY :"Aujourd’hui se sont réunis à Paris, sous la présidence conjointe de la France et du secrétaire général des Nations unies, les dirigeants de la ligue des États arabes et de l’Union européenne ainsi que les représentants des États-Unis et du Canada."
Commentaire : Les pays arabes représentés par : les ministres des Affaires étrangères du Qatar, des Émirats arabes unis, du Maroc et de la Jordanie, le chef de la diplomatie irakienne, Hoshyar ZEBARI en sa qualité de président en exercice de la Ligue arabe et Le secrétaire général de cette organisation, Amr MOUSSA.

Nicolas SARKOZY :"Ensemble nous avons décidé d’assurer l’application de la résolution du Conseil de sécurité exigeant un cessez-le-feu immédiat et l’arrêt des violences contre les populations civiles en Libye."
Commentaire : Les autres résolutions prises auparavant pas ce même conseil ne devaient sûrement pas être appliquées. Et gardons à l'esprit que la résolution 1973 parle d'une zone d'exclusion aérienne au dessus de la Libye pour protéger la population civile et non d'attaques ciblées et bombardements.

Nicolas SARKOZY :"Les participants sont convenus de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires, en particulier militaires, pour faire respecter les décisions du Conseil de sécurité des Nations unies."
Commentaire : L’expression “en particulier” en dit long sur les moyens à mettre en œuvre. Des bombardements du ciel pour éviter toute perte humaine du côté “des sauveurs”.

Nicolas SARKOZY :"Des peuples arabes ont choisi de se libérer de la servitude dans laquelle ils se sentaient depuis trop longtemps enfermés. Ces révolutions ont fait naître une immense espérance dans le cœur de tous ceux qui partagent les valeurs de la démocratie et des droits de l’homme. Mais elles ne sont pas sans risques. L’avenir de ces peuples arabes leur appartient. Au milieu des difficultés et des épreuves de toutes sortes qu’ils ont à affronter ces peuples arabes ont besoin de notre aide et de notre soutien. C’est notre devoir."
Commentaire : Les autres peuples (tibétains, tchétchènes, soudanais etc …) n’ont semble-t-il pas ce droit et ce n’est point le devoir de SARKOZY ni de ceux qui sont avec lui aujourd’hui de les aider d'une quelconque façon.
Une chose est certaine à ce jour, SARKOZY ne manifestera pas le même zèle avec la Corée du Nord, la Côte d'Ivoire ou Le Zimbabwe.

Nicolas SARKOZY :"En Libye, une population civile pacifique qui ne réclame rien d’autre que le droit de choisir elle-même son destin se trouve en danger de mort. Nous avons le devoir de répondre à son appel angoissé. L’avenir de la Libye appartient aux Libyens. Nous ne voulons pas décider à leur place. Le combat qu’ils mènent pour leur liberté est le leur. Si nous intervenons aux côtés des pays arabes ce n’est pas au nom d’une finalité que nous chercherions à imposer au peuple libyen mais au nom de la conscience universelle qui ne peut tolérer de tels crimes."
Commentaire : Les SARKOZY and Co viennent de se rendre compte que les autres peuples ont le droit de choisir eux-mêmes leur destin ! Et que LEUR conscience (qualifiée ici d'universelle) ne peut tolérer de tels crimes. Ailleurs cette conscience universelle ne réagit pas de la même façon et surtout pas à la même vitesse. Une réactivité qui sème plus d'un doute.

Nicolas SARKOZY :"Aujourd’hui nous intervenons en Libye sur mandat du Conseil de sécurité de l’ONU avec nos partenaires et notamment nos partenaires arabes. Nous le faisons pour protéger la population civile de la folie meurtrière d’un régime qui en assassinant son propre peuple a perdu toute légitimité. Nous intervenons pour permettre au peuple libyen de choisir lui-même son destin. Il ne saurait être privé de ses droits par la violence et par la terreur."
Commentaire : "Notamment nos partenaires arabes" : il faut entendre par-là quelques Monarchies/Émirats ; mais pas l'Arabie Saoudite ni le Kuwait. La première a même envoyé ses forces mater la rébellion au Bahreïn (où les USA ont une base militaire).
Les régimes républicains ou pseudo-républicains arabes n'ont pas voulu ou pas pu participer à "Ce Sommet historique". Et à l'entendre, il n'existe pas d'autres peuples dans le même cas.

Nicolas SARKOZY :"Aux côtés de ses partenaires arabes, européens, nord-américains, la France est décidée à assumer son rôle, son rôle devant l’Histoire."
Commentaire : On pourra ici apprécier à sa juste valeur l'ordre dans lequel sont cités les partenaires …

Je suis de ceux qui n'ont aucune sympathie pour KADHAFI et ce depuis qu'il avait essayé de déstabiliser mon pays la Tunisie en 1980. Mais ce que j'abhorre le plus c'est de voir quelqu'un de plus puissant qui sous couvert de grands principes aux grés de ses intérêts n’hésite à jeter en pâture celui là même qu’il accueillait, avec tous les honneurs chez lui, il y a peu de temps encore.
Nicolas SARKOZY ayant bien retenu la leçon de son silence abject devant la révolte du peuple tunisien, ses atermoiements devant celle du peuple égyptien, tient à se racheter pour plusieurs raisons :
*        L'échéance 2012.
*        Montrer qu'il n'a pas peur des révélations des KADHAFI sur son compte.
*      Et par la même occasion les rendre peu crédibles dans le cas où les KADHAFI chercheraient à étayer leurs propos relatifs à certaines sommes d'argent.
Il est à noter que ni l'Égypte ni la Tunisie n'ont les ressources pétrolières de la Libye. De-là à penser que la Libye peut continuer à faire figure de "station service " pour la France il n'y a qu'un pas …
Le duel KADHAFI - SARKOZY passe à la vitesse supérieure. Les frappes ont commencé ce jour (19/03/2011) à 17h45. Soit à peine deux heures après sa déclaration à la fin de "Ce Sommet International" et après huit ans, jour pour jour du début de la deuxième guerre du Golfe (20 mars 2003). SARKOZY tire plus vite que son ombre. Encore un qui veut effacer de la mémoire collective les prouesses de Lucky LUCK !
En conclusion, il est évident que Sarkozy règle aussi des problèmes de politique intérieure avec la crise libyenne. Son taux de popularité catastrophique dans les sondages, le jeu trouble de la France lors des révolutions tunisienne et égyptienne… La Libye, c'est aussi une belle occasion de se racheter une image de défenseur des droits de l'homme.
Mais n'est-il pas de notoriété publique que les États ne mettent en branle leur puissance militaire que quand leurs intérêts directs sont en jeu. 
Cela nous rappelle que nous devons nous défendre d’une vision par trop manichéenne des choses.

Lotfi AGOUN

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